Le calendrier britannique ne tolère ni la symétrie, ni la routine. Oubliez la partition uniforme des jours fériés à la française : ici, l’exception est la règle. Huit jours fériés nationaux jalonnent l’année, mais leur nom et leur date varient d’une nation à l’autre. Le 2 janvier est férié en Écosse, pas en Angleterre. Aucun jour n’arbore l’étendard d’une fête nationale, signe d’un attachement plus diffus à la célébration collective.
Les jours fériés du Royaume-Uni puisent parfois dans la tradition religieuse, parfois dans la lutte sociale ou l’histoire locale. Le terme de « bank holiday » prête à confusion : il ne signifie ni fermeture systématique des services, ni repos universel pour tous les salariés. Les réalités du terrain s’en accommodent, et les habitants aussi.
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Pourquoi les jours fériés britanniques sont-ils si particuliers ?
Si les jours fériés britanniques détonnent, c’est qu’ils sont le fruit d’une histoire mêlant compromis et identité locale. Pas de calendrier uniforme : chaque nation, Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord, façonne son propre tempo, héritage de traditions, de législations et de jalons historiques parfois très différents. Exemple frappant : le Summer Bank Holiday tombe fin août en Angleterre et au Pays de Galles, mais ouvre le mois d’août en Écosse. L’Irlande du Nord, elle, ajoute ses propres dates fériées. Autant de clins d’œil à la diversité des racines qui irriguent le pays.
Le concept de bank holiday ne s’appuie pas sur une fête nationale mais sur la Bank Holidays Act de 1871, portée par Sir John Lubbock, puis complétée par la loi de 1971. Le projet : offrir aux employés des banques (et, progressivement, à d’autres secteurs) des journées de répit. Mais la réalité reste nuancée : certains jours relèvent de la tradition religieuse, Noël, Vendredi Saint, Lundi de Pâques,, tandis que d’autres évoquent la conquête de droits sociaux ou les changements de saison, comme l’Early May Bank Holiday ou le Spring Bank Holiday.
Pour mieux cerner ces différences, voici trois dates emblématiques :
- Noël (25 décembre) : moment de retrouvailles et d’échanges de cadeaux, à la croisée du religieux et du familial.
- Boxing Day (26 décembre) : lancement des soldes, compétitions sportives, gestes de solidarité.
- Early May Bank Holiday : célébration du printemps et des avancées sociales.
En somme, un bank holiday ne ressemble jamais tout à fait à un autre. Commerces, musées, transports s’ajustent selon la région et le contexte. Les parcs et zoos accueillent souvent le public, offrant un point d’ancrage aux familles. Ce modèle souple, aux antipodes du centralisme français, témoigne d’une société qui ménage l’équilibre entre héritage, rythme de travail et besoins collectifs.
Origines et significations : ce que racontent les fêtes du Royaume-Uni
L’histoire des jours fériés britanniques s’écrit dans le sillage d’un compromis social. Le Bank Holidays Act de 1871, défendu par Sir John Lubbock, pose les premiers jalons en fixant des journées de fermeture bancaire, bientôt suivies par d’autres branches de l’économie. La loi de 1971, le Banking and Financial Dealings Act, officialise une liste de huit jours pour l’Angleterre, reflet d’une volonté d’aménager des pauses partagées sans sacrifier la dynamique économique.
Derrière chaque fête, une histoire spécifique :
- Noël (25 décembre) : familles réunies, traditions religieuses et laïques qui se croisent, cadeaux échangés.
- Boxing Day (26 décembre), parfois appelé Saint-Étienne : début des soldes, rendez-vous sportifs, coutume du don.
- Early May Bank Holiday (premier lundi de mai) : héritage du monde rural et des luttes ouvrières ; le Spring Bank Holiday signale, lui, le début des beaux jours.
Le Summer Bank Holiday varie selon les régions : il clôt l’été en Angleterre et au Pays de Galles, l’ouvre en Écosse. À Londres, il s’associe au Notting Hill Carnival, vibrant hommage à la culture caribéenne. D’autres dates, comme la Bonfire Night du 5 novembre, commémorent des épisodes marquants de l’histoire nationale, telle la Conspiration des Poudres. À travers cette mosaïque de traditions britanniques, le pays conjugue mémoire vivante et ouverture contemporaine.
Panorama des jours fériés emblématiques outre-Manche
Les jours fériés du Royaume-Uni jouent sur plusieurs registres : héritage, diversité régionale, et adaptation aux réalités locales. L’Angleterre et le Pays de Galles partagent huit bank holidays, dont Noël, le Jour de l’An et le Lundi de Pâques. Selon la date, commerces, banques, musées ou transports ferment partiellement ou totalement. Le 26 décembre, Boxing Day, marque le début des soldes et attire la foule dans les rues et les stades, tandis que certains services fonctionnent au ralenti.
Dans les grandes agglomérations, Londres, Manchester, Édimbourg, les habitants investissent parcs et espaces verts, les familles se retrouvent autour d’un repas. Les musées ferment à Noël et Boxing Day, mais les zoos et parcs restent ouverts, offrant un espace de respiration. Certains événements donnent une couleur particulière à ces jours : la New Year’s Day Parade à Londres, le Notting Hill Carnival en août, ou la Passion du Christ jouée à Trafalgar Square le Vendredi Saint.
Les différences régionales sont marquées : l’Écosse et l’Irlande du Nord bénéficient de deux jours fériés de plus. En Écosse, le Summer Bank Holiday a lieu début août, non fin août comme ailleurs. Ces particularités ancrent les jours fériés dans la vie quotidienne, affirmant le poids des traditions locales.
Différences marquantes entre les jours fériés britanniques et français
Comparer la cartographie des jours fériés met en lumière des écarts frappants entre France et Royaume-Uni. En France, les jours chômés reposent sur un socle religieux et républicain : Jour de l’An, Noël, Lundi de Pâques, mais aussi le 1er mai, le 14 juillet, le 15 août. Le total dépasse souvent celui du Royaume-Uni, où le calendrier s’articule autour des bank holidays, héritiers directs de la Bank Holidays Act de 1871.
Au Royaume-Uni, la règle du substitute bank holiday donne le ton : si un jour férié tombe un week-end, il est reporté au lundi suivant. En France, aucun report : un 14 juillet tombant un dimanche est tout simplement perdu. Cette souplesse britannique façonne une autre relation au temps libre et aux fêtes collectives.
Concernant les congés payés, chaque salarié français bénéficie de 30 jours ouvrables. Au Royaume-Uni, le droit prévoit 28 jours ouvrés, bank holidays inclus. En pratique, les jours fériés peuvent être déduits du total : un employé britannique verra ses vacances raccourcies d’autant de bank holidays inscrits dans l’année, alors qu’en France, ils s’ajoutent aux congés principaux. Ce détail modifie la gestion des vacances, la perception du repos et les pratiques sociales.
Pour résumer ces différences, voici les points clés :
- France : jours fériés majoritairement fixes, double ancrage religieux et civil, congés payés distincts des jours fériés.
- Royaume-Uni : bank holidays mobiles, gestion adaptée des jours chômés, intégration possible dans le quota légal de congés.
Entre flexibilité britannique et attachement hexagonal à la tradition, deux visions de la fête et du temps collectif se dessinent. Le Royaume-Uni impose son rythme, à la fois imprévisible et fédérateur ; la France conserve des marqueurs forts, ancrés dans l’histoire et la mémoire commune. Deux façons d’habiter les jours qui s’arrêtent, et de donner sens à la pause partagée.